Que de demander de plus ?
No limit à la fuite ! Toujours aller de l’avant, accélérer, allez plus vite, plus haut, plus loin, avoir toujours plus. Ce n’est jamais le moment de s’arrêter, de prendre du recul. Acheter, courir, baver, acheter encore, pour avoir le plus beau, le dernier, le plus cher, ou le moins cher, ne pas rater la bonne affaire, mais toujours acheter. Dépenser pour moins penser. Dépenser pour panser. Des pensées à dépenser. Pour beaucoup et pour si peu. Car quoi qu’il arrive, le vent t’emportera.
Et moi qui me lève pour changer la face du disque.
Acheter comme une arme, qu’on se garde au fond de l’âme. Acheter pour vendre notre âme à telle ou telle marque. Acheter pour sentir l’heureux en nous, pour sentir notre âme amoureuse de la vie, et espérer un mieux. Arnaque à l’âme. Combler un manque. Otage des pensées parasitées malgré nous, enfermé dans le cœur des publicités vénéneuses.
Couleurs, rythme, envies et désirs pro-accessibles. Illusions perfides où nous plongeons avec délice comme dans un sorbet sous canicule. Des visages, des figures, sourires et hameçons perfides, auxquels viennent s’ajouter des détails piquant le cœur sans passer par la case cortex. Aveugler par les spotlights des spots publicitaires, courtiser par les slows des slogans, nous dansons dans la lumière comme un papillon de nuit dans le faisceau d’une Maglite éclairant notre temps de cerveau disponible. Un monde merveilleux sous un soleil radieux qui a le style pour nous atomiser, nous pomper, nous aspirer la moelle tout en nous faisons croire que nous en sortirons heureux. Jour et nuit, le magicien du capital nous martèle que le bonheur est partout !
Et moi qui me lève pour changer de disque.
On est entré là sans avoir vu de la lumière, et il nous est difficile de tout envoyer en l’air. Espérer entrer dans la famille, dans le clan, dans le groupe, dans le cœur des autres. Ballotter, remuer, à l’envers, à l’endroit, à l’envers, à l’endroit, dans ce cycle infernal du regard des autres. Il faut s’habituer à vivre d’envies, à vivre sans vie, jusqu’à perdre pied et se noyer sans se rendre compte que tout ceci n’est qu’une flaque à l’apparence du pire des paradis. I’m lost ! Dans la technicité qui nous manipule, j’ai beau courir ventre à terre, je consomme et me consume. I’m lost ! Alors entre chien et loup, que choisir ? Sur le fil du rasoir, je funambule au sommet de la dune sous la pleine lune. To be or not to be ? Trois petits tours et puis s’en va, et je pars, je m’envole sur la crête des nuages, je frôle l’écume de l’infinité sage, je touche un bout de ciel, et m’offre tous les bouddhas du monde. Je sais désormais recevoir ma sérénité, sur mon visage, ma figure.
Et moi qui me lève pour changer la face du disque.
Tonnerre qui vibre en moi, comme un chant intérieur propre qui me guide vers un nouveau roi, un nouveau moi, un moi libéré, un moi fait de moi parmi les autres. Je répète. Un tonnerre vibre en moi ! Une rose qui s’épanouit en enfer. Cher vieux continent, je m’en remets histoire, épaules droites et fières, je rejète cette pourriture qui nous aveugle. Je travaille actuellement pour mon bien. Amnistier mon âme. Jusqu’à en crever, je m’en remets à moi et personne d’autre pour vivre ma vie. Alors, alors, je produis désormais mon spectacle, je suis maître de mon monde. Et j’entends au loin les clameurs de la foule, et d’un air désinvolte, je continue de tracer ma route, j’éteins la télé, je pisse sur la pub, je vomis sur les chaînes d’infos, et me concentre sur la relation du producteur au consommateur, je répète deux fois, du producteur au consommateur, du producteur au consommateur, sans intermédiaire, sans distributeur de rêves, sans faiseurs d’envies. Juste une main dans la main. Un nouveau monde. Ici, le soleil brille pour tous, et j’y crois !
Et moi qui me relève pour mettre un nouveau vinyle sur la platine.
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