Des cons nects.
Plus je me connecte et plus j’ai envie de me déconnecter.
Je suis comme tout le monde, quand je veux me vider la tête, j’ouvre ma page Instagram ou Facebook et je scrolle. Les images défilent, les idées fusent, les textes courts cours et les conneries passent et perdurent. Mon cerveau se perd et semble se délecter de ce plein de vide. Les images me remplissent l’esprit pour mieux combler un pseudo-manque bien entretenu par les algorithmes de plus en plus perfides. Mon cerveau, gavé de dopamine, est pleinement satisfait, comme s’il venait de recevoir un shoot de sucre après s’être gavé de bonbons ou de pâte à tartiner. Paf, un shoot d’images, sans relation les unes aux autres, mais qu’importe, je suis bombardé d’informations vides, inutiles, futiles, mais qui me semblent pourtant indispensables à ce moment-là, comme si j’étais un drogué d’images, un camé d’infos vides. Et plus les images défilent, et plus je veux en voir d’autres, de peur de passer à côté de quelque chose de primordial, de peur de louper l’image qui sera plus intéressante que les précédentes, de trouille de rater l’image qui me fera rêver encore et encore.
Et je scrolle.
Je suis devenu expert en défilement d’images, j’ai l’impression de voir défiler des centaines d’images, je suis capable d’en voir des centaines à la minutes, et d’un coup de doigt expert j’arrête le défilement sur l’image ou la vidéo qui me parait plus intéressante que les autres, je regarde, pas trop longtemps quand même, et je poursuit le défilement jusqu’à la prochaine trouvaille qui sera, je l’espère, encore plus intéressante que ce que je viens de voir, hop, je défile, hop, j’arrête, je remonte de quelques images car j’avais scrollé trop vite, je regarde vite faite, et hop, je poursuis le défilement, jusqu’à ce que mon cerveau soit anesthésié, que mon niveau de réflexion soit au plus bas, et alors le vide m’entoure complètement, les sensations sont anéanties, jusqu’à que je ne sache plus si je suis malheureux ou heureux, jusqu’à ce que je mette un peu plus de mort dans ma vie.
Et je scrolle.
Et je scrolle.
Et je m'écroule.
Il me reste encore un peu de vie, un minimum de force pour fermer l’application. Une nouvelle vie m’envahit alors, je suis comme hébété, ahuri, sans trop savoir quoi faire, sans envie, sans vie. JE regarde autour de moi, et il n’y a plus d’image, plus de mouvement, plus rien de vivant, même mes neurones semblent immobiles, il ne se passe plus rien dans ma boite crânienne, il ne se passe plus rien du tout.
Ce matin, je suis allé marcher autour d’un lac. J’ai vu plein de choses. J’ai ressenti plein de choses. Le soleil faisait son apparition derrière les grands pins verts, une brume légère se dissipait peu à peu sur la surface du lac. La rosée humidifiait mes chaussures quand je sortait du chemin pour m’aventurer sur l’herbe humide et moelleuse. Quelques araignées d’eau glissaient de-ci de-là, et parfois, en entendait un poisson sauter hors de l’eau à la recherche d’insectes. Les ronds dans l’eau s’élargissaient régulièrement jusqu’à disparaître, et le lac retrouvait alors sa sérénité. Les oiseaux commençaient à chanter, et si on prenait le temps de regarder, on pouvait voir quelques oiseaux s’envoler dans le soleil levant. En cette saison, quelques champignons blancs pointaient leur chapeau dans les herbes hautes parsemées de feuilles de chênes aux tons beige ou marron. Tout semblait immobile, et pourtant rien ne l’était, les feuilles d’arbres qui frémissent dans le faible vent matinal, les insectes qui volent, marchent ou glissent, les oiseaux qui préparent l’entrée de l’hiver, les marcheurs de matin qui foulent le chemin en laissant courir leurs chiens ou leurs enfants, et les bonjours quand on se croise. Je me suis assis sur un banc et j’ai regardé autour de moi, cette vie éternelle, plein de sons et d’images, des vrais sons et de vraies images. Tout cela n’avait rien d’extraordinaire et pourtant tout était si vivant, si vivifiant, que mon cerveau pu trouver une sérénité bienfaitrice où je pouvais sentir mes synapses s’activer en douceur. Mon imagination a vagabondé au gré des sons et des images vivantes qui s’imprégnaient avec vivacité sur ma rétine. Mon esprit et mon corps tout entier fut alerte et bienheureux. Je ne pouvais scroller ces images réelles qui étaient devant moi, et pourtant, j’étais vivant parmi le vivant.
Alors je déscrolle de plus en plus ma vie pour m’éloigner du virtuel et m’accrocher concrètement au réel bien plus vivifiant et bénéfique !
Pour connaître mon actualité d’artiste, être invité à mes vernissages, cliquez ici maintenant pour rejoindre mes contacts privés !