La tache : genèse de mon travail.

L’humanité, une tache dans l’univers…

Au commencement, il y a eu la tache. Une tache informe, anonyme. Une tache identique à tant d’autres, qui ne ressemblait à rien d’autre qu’à elle-même. Une tache indifférente, différente et unique à la fois.

Enfant, adolescent, j’ai toujours eu cette impression de tache en moi, comme si c’était moi qui faisais tache dans la vie que je tentais d’ébaucher. En bref, la sensation de faire tache. Et je vivais cela tel un fardeau. En effet, au sens figuratif, faire tache est ce qui ternit de manière durable l'honneur, la perfection, la réputation d'une personne ou d'une chose ; chose honteuse, infâme.

Je vous l’accorde, il y a mieux comme sentiment pour débuter dans la vie.

Cependant, quelques années plus tard, la tache a jailli de mes pinceaux. Au départ, elle fut timide, innocente, unie, isolée, comme si elle avait du mal à s’imposer au monde, à trouver sa place. Mais également à s’accepter en tant que telle, à être elle-même. Avec le temps, elle s’affirma, pris réellement corps, emplie de plus en plus mes toiles et papiers. Elle se complexifia, se densifia pour finalement faire partie intégrante de mon travail et s’imposer à moi comme moyen d’expression essentiel. Les taches sont désormais les fonds de mes tableaux, le fondement même de chaque œuvre unique.

Grâce aux taches, j’appréhendais les couleurs, leurs mélanges, leurs mixités, leurs cohérences entre elles.

Peu à peu, la tache devint source d’inspiration, elle ne se suffisait plus à elle-même, comme si elle souhaitait changer de statut, être désormais instigatrice et se prendre en main en étant pleinement maître du jeu.

Au final, elle devint normalité, elle qui faisait tache.

Dans mes œuvres, les taches sont comme une métaphore de notre humanité. Nous sommes tous des taches uniques dans ce monde, alors naturellement elles en sont devenues le reflet. Elles sont donc moi, vous, ce qui est à l’intérieur de nous, et tout ce qui nous entoure.

D’ailleurs, la tache est utilisée depuis longtemps en psychologie : « De même dans la tache d'encre du test de Rorschach, chacun perçoit non pas ce qui y est (...) mais, ainsi qu'en un miroir moral, la forme de ses propres songes ». Elle a également était exploitée en peinture, notamment avec les impressionnistes qui l’utilisait pour composer leurs tableaux.

Et malgré tout, une tache laisse toujours une trace, une marque d’un passage, d’un instant, d’une vie.

Bien évidemment, il y a une part indéniable laissée au hasard dans mes taches. Elles ne se domptent pas si facilement. Ce hasard est nécessaire, car il est le reflet de la vie et demande d’accepter pleinement un certain lâché-prise. Une fois ce hasard pleinement intégré, je structure mes taches et mes couleurs dans un assemblage cohérent de plein et de vide.

Mon fond est terminé quand j’estime que le fond pourrait se suffire à lui-même en tant qu’œuvre finie. Cependant, elle ne l’est pas pour moi, car le dessin vient s’immiscer dans ce processus de création. Mais c’est une autre étape…

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