Une belle rencontre inattendue.

Aujourd’hui, je suis allé visiter l’atelier d’une artiste non loin de chez moi. J’avais rendez-vous à 10h30, le soleil tardait à traverser la fine couche de nuages. L’atelier est installé dans une ancienne grange retapée, juxtaposant l’ancien corps de ferme. Le tout acheté en 1972, après 50 ans de vie et de travaux, l’ensemble est désormais un petit écrin paisible au sein du pays Bigouden.

Edith me reçut avec sourire et enthousiasme. En pénétrant dans son atelier, je fus surpris par la lumière qui s’en dégageait, par son calme. Avec sa vivacité et un plaisir certain, elle commença à montrer ses dernières œuvres, expliquant qu’elle travaillait le plus souvent par série. En ce moment, elle était dans le bleu.

Ses œuvres sont empreintes de calme et de tourment, un contraste très intéressant et parfois perturbant. Elle explique qu’elle aime travailler avec la ligne d’horizon comme point de départ, une démarcation franche entre ciel et terre, ou l’inverse. Quand ces tableaux sont terminés, ils sont entreposés un certain temps et Edith y revient dessus en fin de série, comme pour les redécouvrir. Alors, il n’est pas rare qu’elle change de sens le tableau, qu’elle le tourne à 180° pour voir quel est le meilleur rendu, quelle vision offre le plus de force. Avec la joie d’une enfant, elle retourne alors devant moi quelques tableaux pour me montrer les visions différentes d’une même toile. Effectivement, cela change parfois tout. Celui-ci a plus de force quand le ciel devient terre, contrairement à celui-ci qui a plus de profondeur quand la terre devient ciel.

Edith a commencé à peindre à la retraite, elle aime à dire qu’elle a plagié les enfants. En effet, comme des enfants qui trempent leurs mains dans la peinture pour l’étaler, la mélanger sur une feuille blanche, Edith utilise le même outil, ses mains. Exceptionnellement, elle se sert d’un pinceau fin pour accentuer un contour, un détail important. Elle définit son travail comme une peinture abstraite semi-figurative. C’est un compromis qui me parle parfaitement, car il n’affirme pas pleinement ce qui veut être montré, il laisse une part importante à l’imagination tout en la guidant légèrement pour l’aider à faire son propre petit bout de chemin.

En peu de temps, Edith m’a laissé entrer dans son univers de créatrice, et ce fut passionnant, car elle parle comme elle peint, avec plaisir et gentillesse. Son but n’est pas de faire une vente à la fin de la visite, mais d’avoir partagé sa passion, et elle la communique avec enthousiaste.

Encore une fois, j’ai appris l’importance du hasard qu’il faut savoir accepter et prendre plaisir à jouer avec lui. Ce sont souvent ces moments d’aléatoires, ces instants de perte de contrôle, qui apportent un plus à une œuvre, comme un supplément d’âme inexplicable. Surtout dans la peinture abstraite.

Au bout d’une heure et demie, une bonne partie des œuvres a été vues et expliquées, les bleus, les rouges, les oranges, les blancs, les terre de Sienne, sauf les jaunes et les verts qu’elles ne travaillent pas, sans vraiment savoir pourquoi. Et ce n’est pas plus mal, parfois, de ne pas savoir pourquoi. Comme je ne suis pas pressé, elle en profite pour montrer les alentours de la maison, permet de jeter un rapide coup d’œil dans l’atelier d’Alex, son mari, artiste également. Puis elle souhaite faire voir la dernière fresque d’Alex. Ce dernier déboule alors avec son regard perçant et un grand sourire. Il en profite pour m’apostropher, prendre le temps de me prendre par les épaules et de planter son regard dans le mien pour me féliciter pour mon travail, qu’il a pris le temps de bien observer la veille lors d’une exposition collective. Et je poursuis la visite de la maison, où les travaux d’Alex s’affichent aux murs ou traînent au sol, dans l’attente d’une expo, de rangement ou je ne sais quoi. Nous discutons encore quelques minutes, un échange entre artistes, sur l’art, sur la vie.

Au final, j’ai passé deux heures dans un monde à part, à regarder des œuvres, à écouter des artistes, à m’imprégner de leur lieu de vie, de création.
Au final, j’ai passé deux heures dans une bulle de temps très agréable, à partager des impressions, à échanger des regards et des sourires.
Au final, j’ai passé deux heures avec des personnes vraies, des êtres humains et bienveillants.
Deux heures d’un petit bonheur inattendu.

Et vous, de quand date votre nouvelle rencontre qui vous a marquée ?


Dans les prochains mois, j’essaierai de faire un article plus long, avec des photos de leurs œuvres et leurs lieux de créations. Il sera accessible seulement pour les contacts privés. Enregistrez-vous ici maintenant pour rejoindre mes contacts privés !

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